Le jeune Émile passa ses étés à Cacouna de 1886 jusqu'à 1898.
Émile n’a pas choisi Cacouna. À six ans, on ne choisit pas, on va où papa et maman nous emmènent et l’on profite de tout ce qu’on y trouve. Et Cacouna avait beaucoup à offrir au jeune Émile. Des choses qu’on ne peut se procurer en ville : des champs à se perdre dedans, des plages où marcher longtemps, des marées dégageant, deux fois par jour, près d’un kilomètre de batture, des couchers de soleil flamboyants. À chaque escapade, des rencontres fortuites : oiseaux, siffleux, porcs-épics, papillons, coccinelles, grillons. La musique du vent sur les champs, dans les arbres, l’odeur du foin fraîchement coupé.
Et la mer : le vent du large qui vous fouette le visage et le couvre d’embruns; l’odeur du varech à marée baissante; la brume qui vient, qui va, dévoilant parfois l’ombre d’un navire qui arrive on ne sait d’où, qui transporte on ne sait quoi; ce fleuve qui débouche… sur le monde, réel ou imaginaire. Horizon infini pour les yeux et pour l’âme.
Source photo :
Fond : Village vu du quai. Carte postale «Rivard Series» éditeur, coll. Richard Michaud.
Médaillon :
Le jeune Émile Nelligan à divers âges, dans Nelligan à Cacouna, p.183