1162, rue Renaud (Maison Renault)

Au cœur du village de Mascouche


La maison Renault

Au bout de la petite rue Renaud, au cœur du village de Mascouche, vous trouverez une somptueuse maison de pierres, l'une des plus anciennes de la région, mais également l'un des plus beaux spécimens d'architecture d'inspiration française au Québec.

Michel Renault nait à Charlesbourg en 1703. En 1729, malgré la déception de son père, maçon de métier, il décide de venir s'établir à Lachenaie. Michel devient marchand et épouse Élisabeth Rochon, le 10 juillet 1731. La famille Renault vit d'abord dans une maison de Lachenaie sur une petite terre, de février 1732 à mai 1736. Pendant cette période, Élisabeth donne naissance à quatre enfants. Le petit logis d'une seule pièce étant trop restreint, ils envisagent une nouvelle maison.

Le 4 mai 1736, l'occasion se présente et Michel achète à bon prix (400 livres)  la terre de Toussaint Vaudry; celle-ci a une superficie de quatre arpents faisant front sur la rivière Saint-Jean-Baptiste (Mascouche), sur vingt-cinq arpents de profondeur. On fixe rapidement l'emplacement de la maison en bordure du ruisseau, puis s'enclenche alors la préparation du terrain. Les travaux de construction amorcés en 1738 semblent bien complétés en 1741.

Une grande maison... avec un carré de pierre des champs et de moellons d'environ trente-trois pieds de long en façade sur vingt-huit pieds de large. Bien ancré au sol, le carré est assis sur un fondement de quatre pieds de profondeur. Michel taille lui-même les pierres d'angle ou d'encoignure des murs de vingt-six à trente-quatre pouces d'épaisseur, dont les joints sont remplis de mortier à base de chaux et de sable de rivière. Le toit en forme de chapeau est en bardeaux.

Les fenêtres principales ont deux battants et comportent dix carreaux chacun, protégées par des contrevents à panneaux. Deux portes, une à l'avant et l'autre à l'arrière, cachées par un tambour d'hiver, viennent compléter les ouvertures au rez-de-chaussée.

Une échelle de meunier permet d'accéder aux combles servant de grenier et de remise; ceux-ci sont faiblement éclairés par une petite fenêtre à vantaux du côté nord-est. Sur le mur opposé, on perçe une petite porte de même dimension que la fenêtre; pour monter le grain, une poulie est fixée au linteau de la porte.

Étant donné la grandeur de la maison, deux grands âtres, intégrés aux murs de maçonnerie, se font face. Ainsi, à chaque extrémité, on éleve, à vingt-cinq pieds du sol les deux larges souches de cheminée. De cette façon, en débordant nettement la ligne faîtière, cela diminue les risques d'incendie. L'intérieur des cheminées est vaste, difficile à encrasser par la suie pendant un seul hiver et fait office de «boucanière» à viande. Dans le plus grand des âtres, on installe une potence de main de forge pour y accrocher les pots de fer et autres ustensiles de cuisine.

Le plancher du rez-de-chaussée s'étend presque à la surface du sol et est recouvert de solives déposées sur des lambourdes reposant sur le sol de terre battue. À l'intérieur, les murs de pierre sont blanchis au lait de chaux. Afin de ne pas chauffer pour rien, les plafonds de madriers sont bas. De même, on pouvait installer dans la salle commune quelques lits-cabanes, pour coucher la nuit venue, à l'abri du froid et des regards indiscrets! Non loin du grand âtre, une armoire intégrée à la muraille garde au frais, quelle que soit la température extérieure, les aliments de première nécessité.

Une fois la maison construite, on se consacre aux dépendances : l'étable, la laiterie, le hangar à bois, le caveau à légumes, le four à pain et les inévitables latrines. Il n'a pas été nécessaire de creuser un puits, puisque l'on retrouve un ruisseau où coulait une eau claire et limpide à quelques dizaines de pieds de la maison.

Michel Renault demeure propriétaire de cette maison jusqu'en 1766. Comme la tradition le voulait, c'est à l'occasion du mariage de son fils Joseph-Pascal qu'il se retire et lui cède la terre, moyennant l'hébergement et la nourriture jusqu'à sa mort.

De 1766 à 1908, la terre passe de père en fils. C'est aussi pendant cette période qu'une deuxième porte en façade est ajoutée du côté nord-est de la maison. En 1908, Zénon rompt la tradition de donation entre vifs de père en fils. À 38 ans, il vend, à son frère aîné Jean-Baptiste, la ferme familiale et une petite terre à bois pour 4 666,65 $.

De 1908 à 1924, la terre est vendue cinq fois. À partir de ce moment, on morcelle la terre, on en vend des lopins et en conserve des parties. Le 3 janvier 1926, on cède la terre à un étranger, soit après que sept générations de Renaud y eurent vécu. Une grande page de la petite histoire de la famille Renaud venait d'être tournée.

De 1926 à 1973, beaucoup de nouveaux propriétaires se succèdent dans cette maison. En 1945, monsieur Louis-Philippe Morin fait des changements majeurs sur l'extérieur de la maison. Il remplace les trois lucarnes installées au 19e siècle par une plus grande de quatre fenêtres, dites de «chien-assis». Il allongera également la maison en ajoutant, sur toute la façade, une longue véranda comptant 128 carreaux.

Il fallut attendre jusqu'en 1982 pour que la maison retrouve sa structure d'origine. En effet, Laurent Girouard, archéologue de profession, achète la maison en 1973. En 1978, il décide de commencer des travaux de rénovation qui durent quatre ans. Afin de s'adapter aux besoins contemporains, monsieur Girouard a jugé bon de faire creuser une cave de huit pieds et d'aménager un laboratoire-cuisine à l'arrière.

Les principales caractéristiques de la maison d'origine ont été retenues. Par ailleurs, on a respecté son évolution au cours des ans. L'intégration harmonieuse des éléments qui se sont ajoutés est significative : l'addition des lucarnes au grenier et la deuxième porte de façade en sont des exemples convaincants. La maison Renault, une fois restaurée, poursuit son évolution. Ainsi, elle répond de manière adéquate aux exigences actuelles de confort et d'aisance.

Elle est aujourd'hui la propriété de la conjointe de feu notaire Julien S. McKay, bien connu pour son implication dans le secteur de l'histoire du notariat et du patrimoine. Cette maison est fière de ses 260 ans et il ne fait aucun doute que Michel Renault l'avait voulu solide. Il vous dirait probablement, encore aujourd'hui, qu'elle résistera bien encore pendant plusieurs siècles! Si vous êtes tombé sous le charme de cette maison, elle était à vendre au moment de rédiger ce texte, il ne vous reste qu'à faire une offre!

Coutu, Jean-Claude (1986). «La Maison Renault», Ed. Société d'histoire de la région de Terrebonne, 48 pages.

Vue au loin

Au loin, on aperçoit a maison Renault devant la rivière, bien avant les constructions aux alentours.  La maison Renault fût construite par Michel Renault vers 1741-1742 et est considérée comme étant la plus vieille maison de Mascouche.


Vers 1945

Vers 1945, le propriétaire Louis-Philippe Morin remplace les trois lucarnes installées au XIXe siècle par une plus grande de quatre fenêtres.  Il allongera également la maison en ajoutant sur toute la façade une longue véranda comptant 128 carreaux.


1885

Photo de la maison Renault prise le 13 juillet 1885.  Les membres de la famille Renault étaient réunis à l'occasion du mariage de « l'oncle Octave Renault ».

Source: Histoire de Saint-Henri de Mascouche 1750-2000

Livre de l'histoire locale

Pour en savoir plus, consultez le livre ''La Maison Renault'' de Jean-Claude Coutu paru aux éditions Société d'histoire de la région de Terrebonne Inc, en 1986.

Disponible à la bibliothèque de Mascouche, 3015, avenue des Ancêtres.
En vente au coût de 10 $ via la SODAM Patrimoine, Société d'histoire de Mascouche - info@sodam.qc.ca ou 450 417-1277.

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À la découverte du Mascouche d'autrefois

À la découverte du Mascouche d'autrefois image circuit

Presented by : SODAM

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