Je m’appelle William-Pierre Grant. Me connaissez-vous? Non? Pourtant, j’ai joué un rôle important dans le paysage industriel et politique de Batiscan et du Québec. Attendez que je vous raconte.
Je suis né à Saint-François-Xavier de Chicoutimi le 3 juin 1872 et suis le fils de William Grant, marchand et négociant, et d’Emma Caron. Pourquoi ai-je passé la majorité de ma vie en Mauricie? C’est qu’après des études au Séminaire de Rimouski, j’ai poursuivi mon parcours à l’Académie La Salle de Trois-Rivières et je suis tombé en amour avec cette majestueuse région de lacs et rivières. Ne trouvez-vous pas que j’ai eu raison?
Comme beaucoup de jeunes gens de mon âge, je me suis dirigé vers la florissante industrie des pâtes et papiers. J'ai d’abord été commis à Trois-Rivières pour la St-Maurice Lumber qui avait aussi un moulin à scie à Batiscan depuis 1898. Devenue la C.I.P. (International Paper Company), j'y ai été nommé gérant en 1911. C'est moi qui dirigeais le moulin à scie de Batiscan. Ce furent de grandes années pour moi! Pourtant, on me connait plus pour mon passé politique que pour ma gérance à la C.I.P. J’ai été élu député libéral lors d'élections partielles dans Champlain en 1925, puis réélu en 1927 et 1931. Je ne me suis pas représenté en 1936, ayant été nommé registrateur du même comté, en 1935, et ce, jusqu’à mon décès. Tout un honneur!
La politique était un sujet très prisé dans la famille et les conversations étaient particulièrement animées autour de la table. Il faut dire que j’avais comme beau-frère Nérée Le-Noblet Duplessis et Richard-Stanislas Cooke. Même mon neveu par alliance, Maurice Le Noblet Duplessis, s’était lancé en politique avec le grand succès que l’histoire lui reconnaît. Celui-là, avec son Union Nationale ! En temps d'élections, on avait des points de vue si divergents qu’on finissait par ne plus se parler pendant un bon moment.
Ces querelles étant chose du passé, je regarde aujourd’hui ce qu’est devenue ma belle municipalité de Batiscan et je ne peux m’empêcher d’être fier. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été nommée Fleuron du Québec! On a même nommé la rue qui longe la rivière Batiscan, la rue Internationale, en souvenir du moulin à scie où j'ai travaillé de nombreuses années. La maison que j'habitais existe toujours au no. 100, dans cette rue où j'ai vécu jusqu'à mon décès, le 25 août 1943, à l'âge de 71 ans. J’ai même été inhumé dans le cimetière paroissial. Alors, il y a encore un peu de William-Pierre Grant à Batiscan…