La basilique mineure Sainte-Anne

Un peu d’histoire

Érigée de 1884 à 1887, la basilique Sainte-Anne est la quatrième église à occuper le même terrain. La troisième a été volontairement détruite, car sa structure était devenue problématique à la suite de l’agrandissement de 1849.

L’église actuelle a été érigée par les entrepreneurs Onésime Martineau et Joseph Fauteux d’après les plans des architectes Maurice Perrault et Albert Mesnard. La pierre angulaire est posée en décembre 1884. Or, il faut attendre trois ans, soit en novembre 1887, avant que l’église soit bénie et plus d’un siècle pour qu’elle soit reconnue comme basilique.

En effet, c’est en 1993 que le pape Jean-Paul II confère le titre de basilique mineure à l’église de Varennes. Il s’agit d’une distinction spéciale que le pape accorde à des églises symboliquement importantes dans la perpétuation de la foi, dont des lieux de pèlerinage. Ce titre honorifique explique la présence des armoiries du Saint-Siège sur le sol devant le chœur.

Crédit photo : Martin Dubois

L’architecture extérieure

L’église est de style éclectique, c’est-à-dire qu’elle réfère à plusieurs styles architecturaux d’époques différentes. Elle possède un plan au sol en forme de croix latine. Elle a un chœur en saillie terminé par une abside en forme d’hémicycle à laquelle est adossée une sacristie.

La façade symétrique est dominée par deux imposants clochers dont les flèches atteignent une hauteur de 53,34 mètres. Ces tours augmentent l’impression de hauteur du bâtiment et permettent de rapprocher, de manière symbolique, l’église de Dieu. Plusieurs éléments constituant les clochers y contribuent : des fenêtres cintrées très élancées, de minces contreforts terminés en pointe, des pinacles ornant les quatre coins des tours et des croix prolongeant les clochers. Cette recherche de verticalité est importante en architecture religieuse, plus spécifiquement dans l’architecture néogothique.

Les trois portes surmontées d’une imposte à arc cintré et leur portail à ressauts évoquent l’architecture romane du Moyen Âge européen. L’entrée principale est surmontée d’une rosace, également encadrée de ressauts. De chaque côté de celle-ci se trouve une niche logeant une sculpture. À gauche se dresse saint Paul, reconnaissable à son épée. Saint Pierre est juché à droite, tenant des clés dans sa main. Au sommet de la façade, dans une niche surmontée d’un gable coiffé d’une croix, une sculpture de sainte Anne termine la composition. Les trois statues de la façade sont l’œuvre du sculpteur Philippe Hébert (1850-1917).

Crédit photo : François Rivard

L’intérieur de la basilique

L’intérieur de la basilique Sainte-Anne témoigne du style néoroman par ses deux types de voûtes. La nef rectangulaire est composée de trois vaisseaux. Le vaisseau central possède une voûte en berceau à arcs doubleaux, autrement dit une voûte en demi-cercle avec des arcs en saillie. La partie centrale de la basilique est éclairée par des fenêtres cintrées, comprenant trois sections, qui procurent un éclairage naturel. En descendant, les arcs se transforment en colonnes d’inspiration corinthienne qui créent des arcades séparant le vaisseau central des collatéraux. Une voûte d’arêtes surplombe ces derniers.

À l’avant, le transept sépare la nef du chœur. Il est occupé à gauche par la chapelle funéraire de sainte Marguerite d’Youville et à droite, par le baptistère où se situent les fonts baptismaux, un meuble utilisé lors des baptêmes. La forme octogonale dessinée au sol symbolise la vie éternelle. Face au baptistère se trouve l’accès à la sacristie, c’est-à-dire la pièce située derrière le chœur où le prêtre se prépare avant de célébrer une messe.

Aujourd’hui, la sacristie sert également de chapelle. La croisée du transept, là où se rejoignent la nef centrale et le transept, est marquée par la présence d’une coupole sur pendentifs de style byzantin. Cette coupole atteint une hauteur de 23,8 mètres à l’intérieur. À l’extérieur, la croix qui domine le dôme porte la hauteur totale à 37,8 mètres.

Crédit photo : François Rivard

Des fresques colorées

Entre 1926 et 1929, l’artiste Guido Nincheri termine la décoration de l’église. Il modifie à jamais l’apparence intérieure du lieu de culte en y peignant des toiles marouflées, c’est-à-dire collées directement aux murs et aux plafonds. Cette technique imite l’art de la fresque. Les habitants de Varennes reconnaîtront peut-être leurs ancêtres dans les œuvres de Nincheri, puisque l’artiste aurait peint le visage de certains paroissiens. Nincheri y représente également des membres de sa famille, dont sa femme Giulia, qui a servi de modèle pour la Vierge.

La fresque centrale de la coupole est composée de 17 personnages et représente l’assomption de Marie. Les quatre médaillons ornant les pendentifs illustrent les évangélistes. Nincheri est également l’auteur des huit fresques parant les croisillons du transept. Il peint plusieurs saints et le Père éternel. Ce dernier est situé juste à côté de l’illustration de Marguerite d’Youville, qui lui vouait une dévotion particulière. Finalement, la mort du Christ sur la croix domine le chœur. Toutes ces œuvres se distinguent facilement grâce à leurs couleurs claires et vives.

Crédit photo : François Rivard

Les tableaux ornant la basilique

En plus des fresques de Nincheri, 14 peintures ornent les murs de la basilique. Elles se trouvent tout autour de la nef, dans le transept et au-dessus des autels latéraux. Les plus anciennes, qui proviennent de l’église précédente, sont obscurcies en raison du vieillissement des vernis et de la fumée des cierges.

Parmi les éléments les plus anciens de la basilique se trouvent quatre tableaux de François Malepart de Beaucourt (1740-1794). Cet artiste québécois serait le premier à recevoir une formation européenne. Il travaille beaucoup à Bordeaux, en France, où il est reçu membre de l’Académie. Il œuvre également aux États-Unis et dans les Antilles avant de revenir à Montréal, en 1792. Il exécute des peintures pour la troisième église de la paroisse de Sainte-Anne-de-Varennes en 1792 et en 1793. Ces œuvres se trouvent dans l’actuelle basilique. Fait inusité, des symboles francs-maçons font partie de la signature de l’artiste. Les cadres sont de Philippe Liébert (1733-1804), l’un des sculpteurs les plus importants de la fin du 18e siècle.

Jean-Baptiste Roy-Audy (1778-1848) est l’auteur de trois peintures autrefois accrochées dans la troisième église de Varennes. Autodidacte, il apprend à peindre en effectuant des copies entre 1818 et 1824, période pendant laquelle il peint les tableaux de l’église de Varennes. Ces trois œuvres, qui dateraient de 1821, représentent des épisodes de la vie de Jésus et la Pentecôte. La peinture évoquant cette dernière est particulièrement bien exécutée et présente une belle perspective. Les cadres sont de Louis-Amable Quévillon (1749-1823), émule de Philippe Liébert.

D’autres œuvres sont peintes par Cesare Porta à Rome vers 1886; elles sont donc acquises pour l’église actuelle. Peu de choses sont connues au sujet de cet artiste italien. Ses œuvres décorent l’église d’autres paroisses, dont Sainte-Monique-de-Nicolet. Dans la basilique de Varennes, les cadres sont de Lucien Benoit, sculpteur natif de Contrecœur (1850-1936).

Crédit photo : François Rivard

Un tableau dit miraculeux

Au milieu du 18e siècle, les grandes messes célébrées pour sainte Anne sont fréquentes à Varennes. Elle est invoquée pour calmer les pluies trop abondantes, contrôler la crue printanière du fleuve ou faire cesser la sécheresse. En plus des messes spéciales, des processions ont lieu avec un tableau représentant sainte Anne et la Vierge. Lors de ces cérémonies, la population enjoint à la bonne sainte Anne de réaliser les faveurs demandées.
Une enquête de monseigneur Ignace Bourget (1799-1885), deuxième évêque de Montréal, permet d’établir que par trois fois, en période de sécheresse, la pluie revient la veille ou la journée d’une procession avec le tableau, alors qu’il ne pleut pas dans les paroisses voisines. En 1841, la peinture est déclarée miraculeuse par un indult du pape Grégoire XVI, qui reconnaît les événements relatés par l’évêque. Le 26 juillet 1842, monseigneur Bourget couronne d’or les deux personnages illustrés.

Le tableau est signé F. Tavelle, un artiste qui demeure inconnu à ce jour. Il daterait de 1730 environ, ce qui en fait l’œuvre peinte la plus ancienne de la basilique. Il représente l’éducation de la Vierge, soit sainte Anne observant la jeune Marie lisant un parchemin. La coutume de sortir l’œuvre en procession pour implorer sainte Anne se poursuit au 20e siècle. En 1974, une procession réunit plus de 1 000 fidèles pour faire revenir le beau temps. Longtemps situé dans la chapelle de procession Sainte-Anne, le tableau dit miraculeux est désormais exposé dans la basilique. Il est sorti tous les 26 juillet lorsque le temps le permet. L’histoire suit son cours!

Crédit photo : Yves Désy

D’autre pièces uniques

Outre les nombreuses peintures et fresques enjolivant la basilique, d’autres œuvres d’art et des éléments historiques sont exhibés. Ces pièces uniques participent à la richesse du décor intérieur de l’église.

Les 11 statues blanches dominant le chœur sont sculptées à Paris, en 1888, dans du bois de sapin de Norvège. Elles représentent, de gauche à droite, saint Paul, saint Thomas d’Aquin, saint Vincent de Paul, saint François Xavier, saint Joachim, sainte Anne, la Vierge Marie, saint Jean-Baptiste, sainte Thérèse d’Avila, saint Louis de Gonzague et saint Pierre. La cloche noire provient de la maison-mère des Sœurs de la charité de Montréal, dites les Sœurs grises. Datant de l’époque de l’Hôpital général des frères Charon, soit environ 1693, cette pièce historique est très ancienne. La congrégation l’offre à la paroisse en 2009.

Devant l’autel est suspendue la lampe de sanctuaire, une magnifique pièce d’orfèvrerie aux formes classiques et épurées. La paroisse acquiert cette œuvre de Robert Cruickshank (vers 1748-1809) en 1803 pour sa troisième église. Le chandelier pascal, ou porte-cierge pascal, provient aussi de cette dernière. Sculpté en 1788 et doré une première fois en 1789 par les dames de l’Hôpital général de Québec, il serait l’œuvre d’Antoine Cirier (1718-1798). Il témoigne de la richesse du décor et du mobilier liturgique de la troisième église de Varennes, construite en 1780.

En 1960, la paroisse de Sainte-Anne-de-Varennes procède au renouvellement de ses grandes orgues. Elle acquiert un nouvel instrument conçu aux ateliers de la maison Casavant Frères, l’opus 2577. Situé dans la tribune arrière (jubé), l’orgue comprend 33 jeux répartis sur deux claviers à traction électropneumatique avec deux corps de buffet pour les 1927 tuyaux sis de part et d’autre de la grande rosace. Cet orgue est considéré comme l’un des beaux instruments du diocèse de Saint-Jean–Longueuil, tant en raison de son style que de sa sonorité.

Crédit photo : François Rivard

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Le patrimoine religieux de Varennes

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Presented by : Ville de Varennes

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