Monument des prisonniers de guerre de Kapuskasing

Construit par les prisonniers pour les prisonniers

Le monument en forme de pyramide que nous apercevons en arrière-plan a été érigé par des prisonniers de la première guerre mondiale, en 1918, ceci en mémoire de prisonniers décédés.

Une trentaine de personnes reposent dans ce petit cimetière situé près de la route Transcanadienne, non loin de l'aéroport de Kapuskasing. Une statue et une plaque ont été installées en leur mémoire en 1995. Le monument a été restauré en 2010.

Photo : Andréanne Joly

Les travaux forcés

En décembre 1914, les premiers prisonniers de guerre ont été internés sur ces terres et ont été chargés immédiatement de défricher le bois dans des conditions climatiques extrêmes, pouvant souvent atteindre jusqu'à -30 degrés Celsius en hiver.

Photo : des prisonniers dégageant une voie.

La vocation initiale du projet gouvernemental

À l'origine, le gouvernement fédéral disait vouloir développer et mettre à l’épreuve des plantes robustes capables de pousser dans le climat capricieux, ce pourquoi il cherchait à coloniser la région dite de la ceinture d’argile (Clay Belt).

C'est dans cet objectif que le gouvernement ontarien a fourni au gouvernement fédéral un lopin de terre de 1282 acres à l’ouest de la rivière Kapuskasing et au sud du chemin de fer afin d'y établir une ferme expérimentale... laquelle est finalement devenue un centre d'internement des prisonniers de guerre condamnés à exécuter des travaux forcés.

L’intensité du froid l'hiver et des chaleurs estivales ont rendu la vie misérable tant aux prisonniers qu'aux gardiens. Malgré les conditions éprouvantes, au cours des quatre premières années, les 1300 prisonniers internés ont construit des édifices et défriché des centaines d’acres de forêt d’épinettes devant servir à la ferme expérimentale et à l’éventuel village.

À coups de poing et de fusil

Au printemps 1916, des prisonniers se sont révoltés. Le conflit a été déclenché par quelques détenus en provenance du camp d’internement de Petawawa, où ils avaient été obligés de travailler contre leur gré pendant des fêtes religieuses. Ceux-ci ont persévéré dans leur résistance. Avec le temps, la plupart des autres prisonniers se sont joints à eux. Le conflit a culminé quand environ trois cents soldats munis d’armes à feu et de baïonnettes les ont confrontés, en blessant gravement une douzaine d’entre eux.

Pendant l’été 1916, une grande partie du nord de l’Ontario a été ravagée par des feux de forêt. Les localités de Cochrane et de Matheson ont été décimées et de nombreuses personnes sont mortes. Le 29 juillet de la même année, tous les habitants du camp de Kapuskasing, gardiens et détenus, ont lutté contre les incendies qui menaçaient leurs demeures. Ils ont réussi à maîtriser le feu qui n’a fait aucune victime. Ils ont aussi transporté de la nourriture et des vêtements aux survivants de Cochrane bien avant l’arrivée de l’aide du Sud de l’Ontario.

La dure réalité du Nord

Même si l’emplacement éloigné du camp de Kapuskasing décourageait les fuites, il y a eu pas moins d’une dizaine de tentatives durant les six derniers mois de 1917! Confrontés aux mouches, aux ours et au terrain ardu, tous, sauf trois prisonniers, ont raté leurs tentatives. Ils ont été capturés, sont morts de faim ou de froid, ou sont revenus volontairement après avoir affronté la dure réalité de la nature nord-ontarienne.

Évasions réussies

Trois prisonniers ont réussi à s'évader des lieux, dont un homme très puissant qui aurait tordu les barres d’acier de la porte de sa cellule et d’une fenêtre afin de s’échapper avec un autre prisonnier pendant la nuit. Ayant probablement embarqué dans un train à l’insu de tous, ils n’ont jamais été revus.

Le troisième des évadés non retrouvés a adopté une méthode moins conventionnelle et bien moins évidente et agréable. Lui et un autre prisonnier se sont cachés dans deux tonneaux fétides servant à transporter le contenu des latrines du camp, ceci aux fins d’élimination à l’extérieur du site. La nuit venue, les deux prisonniers moroses sont sortis de leur cachette exécrable et ont disparu. Deux mois plus tard, l’un a été arrêté en Saskatchewan, mais l’autre n’a jamais été revu.

Remises en liberté de 1917

En 1917, la plupart des incarcérés ont été mis en liberté conditionnelle afin d’aider à remédier à la pénurie en main-d’œuvre causée par la guerre. Seulement une soixantaine d’hommes sont restés au camp pour des raisons de santé ou de sécurité.
 

Ajout de fils barbelés

Peu après, environ 400 prisonniers de guerre allemands provenant du poste d’internement du Fort Henry récemment fermé se sont ajoutés, de même que des prisonniers provenant de Banff.

Puisque ces prisonniers étaient considérés comme plus dangereux, des clôtures de barbelés ont été posées autour du camp et des règles plus rigoureuses ont été adoptées. La population du camp a continué de grimper,  se chiffrant à quelque 1200 prisonniers, dont la plupart des prisonniers de guerre allemands, surtout des matelots et des marins marchands, capturés sur des navires allemands qui se trouvaient dans les Caraïbes.

Même après la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, le camp d’internement à Kapuskasing a continué à héberger des prisonniers de guerre et des radicaux politiques, y compris les dirigeants de la grève générale de Winnipeg en 1919. À l’été de cette année-là, on a décidé de transporter les internés de tous les camps en Europe, mais le processus a été terriblement lent à cause du manque de navires à vapeur. À l’époque, il ne restait que trois camps fonctionnels, dont celui de Kapuskasing, qui a été le dernier à fermer ses portes, le 24 février 1920.

Les édifices des camps ont été vendus par adjudication et démolis subséquemment. Un petit cimetière comprenant les tombeaux de 32 prisonniers, situé en face du cimetière public de la ville, est la seule évocation physique du camp d’internement de Kapuskasing. 

Plaques en souvenir des prisonniers

On s’accorde généralement pour dire que l’internement de sujets provenant de pays ennemis de l’Europe orientale a été une réaction excessive alimentée par les préjugés et la paranoïa du public plutôt qu’une menace véritable à la sécurité nationale du Canada.

Une plaque a été posée à l’extérieur de la gare de Kapuskasing, offerte par le Fonds canadien de reconnaissance de l’internement durant la Première Guerre mondiale. En fait, une centaine de plaques de ce genre ont été posées un peu partout au pays pour reconnaître officiellement, de la part du gouvernement du Canada, qu’un tort a été commis à l’égard des citoyens de l’Ukraine et des personnes d’origine est-européenne pendant les activités d’internement de 1914 à 1920.

Extract of
Histoire régionale de Kapuskasing et de Hearst

Histoire régionale de Kapuskasing et de Hearst image circuit

Presented by : Destination Northern Ontario

Get There

Download the BaladoDiscovery app (for Android and iOS) and access the largest network of self-guided tour experiences in Canada.