Île aux Lièvres et Îles du Pot

Une histoire liée au fleuve

Dans le Bas-Saint-Laurent, chaque endroit, chaque île possède une histoire intimement liée au fleuve. Sur l’horizon, vis-à-vis Rivière-du-Loup, se profile l’île aux Lièvres, voisine de l’archipel du Pot à l’Eau-de-Vie et de l’île Blanche. Dans le passé, ces îles étaient rattachées aux seigneuries de la rive sud.  Au 19e siècle, le seigneur de la rivière du Loup, Alexandre Fraser, y accorda plusieurs concessions.
 
Cet grandissement de la carte de l’arpenteur Joseph Bouchette (1815) présente le Saint-Laurent et ses îles. Au milieu du fleuve, l’île aux Lièvres (Hare Island) sépare le chenal sud employé par les navires, du chenal nord longeant la rive de Charlevoix. Les dessins d’ancres de chaque côté des îles du Pot à l’Eau-de-Vie (Brandy Pots) et un autre près de la pointe ouest de l’île aux Lièvres indiquent les points d’ancrage. La croix sur une des îles du Pot à l’Eau-de-Vie signale la station # 13 du télégraphe aérien ; la station suivante est située sur une des îles Pèlerins (The Pilgrims).

Source: Carte de Joseph Bouchette (1815), Bibliothèque et Archives nationales du Québec

L’île aux Lièvres

Vue aérienne de l’île aux Lièvres, 7 août 2012.
 
Le nom de l’île aux Lièvres origine du petit mammifère qui y vivait en grand nombre dans sa forêt de conifères. En 1536, Jacques Cartier, lors de son voyage, s’y arrêta et ses marins tuèrent une grande quantité de lièvres pour s’en nourrir. L’explorateur désigna de ce nom l’endroit.
(Source : Commission de Toponymie du Québec)
 
D’une longueur de 13 km, l’île aux Lièvres, recouverte de forêt, présentait un plus grand intérêt pour la colonisation que les autres îles composées majoritairement de rochers.
 
Sur l’île aux Lièvres, le sol peu profond et les nombreux affleurements rocheux limitaient l’agriculture; toutefois, les battures permettaient l’installation de pêches aux petits poissons et aux «poissons à lard» (bélugas). Pour y vivre, les insulaires devaient posséder une goélette ou une chaloupe. En 1823, le capitaine Joseph April de Kamouraska et ses deux fils ont eu des concessions de terres et ont habité sur la pointe est. Une quinzaine d’années plus tard, la famille du navigateur Jean-Baptiste des Trois Maisons dit Picard a demeuré au même endroit. À la fin du 19e siècle, les deux frères Lucien et Eugène Bouchard ont été les derniers à  y vivre de la culture, de la pêche, de la chasse et de la coupe de bois. Au cours des différentes époques, la forêt de l’île a été exploitée pour le bois de chauffage, le sciage et la pulpe.
 
Source photo :
Yvan Roy

Les îles du Pot à l’Eau-de-Vie

Extrait d’une carte marine de 1949 montrant l’archipel du Pot à l’Eau-de-Vie avec son phare.
Les rochers « Brandy Pots », d’après un croquis de Bohuslav Kroupa.
 
L’appellation du Pot à l’Eau de Vie  remonte au 18e siècle. Déjà connu comme un mouillage sûr par les navigateurs pour abriter les navires lors de mauvais temps, l’archipel était fréquenté par bien des équipages. Le nom actuel s’inspire sans doute des bocs ou des pots servant aux hommes pour boire de l’eau fraîche. Déjà en 1735, on retrouve ce nom sur une carte de l’hydrographe Testu de La Richardière.
(Source : Commission de Toponymie du Québec)
 
Le chenal sud du Saint-Laurent avec ses îles et ses récifs importants a toujours été difficile pour la navigation. Lors de tempêtes du Nord-Est et des périodes de brouillard, les voiliers puis les vapeurs pouvaient s’abriter près du Pot à l’Eau-de-Vie. Au début du 19e siècle, pendant les années de conflits, des bateaux de guerre formaient des convois de navires marchands qui partaient de l’archipel. Sur une des îles, une station du télégraphe aérien informait Québec de leur  arrivée et de leur départ. Reconnu depuis longtemps, ce point d’ancrage offrait un bon fond pour retenir les vaisseaux. En attendant que la température soit favorable, les capitaines et leurs équipages se rendaient sur l’île du Gros Pot à la maison du navigateur François-Xavier Bernier. Dès 1843, il les accueillait et les ravitaillait au besoin avec son associé et beau-frère, le navigateur Jean-Baptiste des Trois Maisons dit Picard.
 
Après la mise en opération du phare en 1862, lorsque les navires s’ancraient au Pot à l’Eau-de-Vie, c’est au gardien de phare que les membres d’équipage rendaient visite.
 
Source photo :
Haut - Coll. Jean Cloutier
Bas - Illustration tirée de L’Opinion Publique, mars 1872
 
 

Brisants et naufrages

Voilier à l’ancre au Pot à l’Eau-de-Vie, et filets de brume couvrant le rivage.
 
Vis-à-vis du Pot à l’Eau-de-Vie, les brisants Barrett et les rochers Marmen et Demers sont des pièges perfides du chenal sud.  En 1815, la Maison Trinité plaça une bouée sur ces hauts-fonds pour les signaler aux pilotes. Encore aujourd’hui, à la nuit tombée, nous voyons son signal lumineux nous rappelant leurs présences. Au 19e siècle, plusieurs  incidents et naufrages eurent lieu sur les récifs : à l’île aux Lièvres, on en dénombre 55, au Pot de l’Eau-de-Vie 54 et à l’île Blanche 118. Généralement, ce sont des collisions entre vaisseaux à l’ancre. En d’autres circonstances, c’était la brume qui cachait les récifs, les tempêtes ou la glace qui endommageaient les bateaux. La première station de remorqueurs du fleuve était située près de l’île aux Lièvres.
 
Source photo :
Illustration tirée de la carte de l’arpenteur Joseph Bouchette, publiée en 1831. Bibliothèque et archives nationales
Photo de fond : Yvan Roy

Le phare du Pot

Le phare du Pot à l’Eau-de-Vie, en 1929.
Le voilier Brandy Pots servant au ravitaillement du phare, vers 1949.
Groupe de visiteurs arrivant au phare à bord du voilier Brandy Pots.
 
En 1860, le gouvernement fit construire un phare sur une des îles du Pot à l’Eau-de-vie.  Le premier gardien du phare fut le navigateur Jean-Baptiste des Trois Maisons dit Picard (1862-1873), un habitant de l’endroit. Au cours des années, d’autres gardiens se sont occupés du bon fonctionnement de la lumière, Narcisse Richard et son fils Alphonse (1874-1914), Arthur Leclerc (1914-1920), puis Louis Dubé et son fils Roger (1920-1964). Ce dernier a été en charge du phare jusqu’à sa fermeture.
 
Depuis 1984, le phare a été restauré par la Société Duvetnor. Ce bâtiment classé  patrimonial héberge maintenant des visiteurs. Aujourd’hui, l’ensemble des îles de ce secteur est un sanctuaire de biodiversité et une réserve pour les oiseaux marins.
 
Source photo :
Robert Dubé
 
 

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Le Cacouna maritime et ses lieux-dits

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