Vous avez apporté une rondelle? Tout le monde vous le dira : Jacques Plante, ou « Jack the Snake » comme m’appelaient certains, les arrêtaient toutes… ou presque. Vous voulez savoir comment j’ai changé définitivement le visage du hockey? Tirez-vous une bûche!
Je suis né le 17 janvier 1929 dans une ferme pas très loin d’ici, dans le rang St-Félix, tout près du ruisseau Plante, nommé en mon honneur. Peu après, nous sommes déménagés à Shawinigan Falls, où mon père avait trouvé un emploi. Ma tuque bien vissée sur la tête, je me tenais à l’entrée de l’aréna pour proposer mes services de gardien de but, qui, il faut le dire, étaient cavalièrement refusés. Que voulez-vous, ils ne pouvaient pas savoir que l’édifice porterait un jour mon nom!
Je n’ai jamais su pourquoi les gens me trouvaient excentrique. Peut-être était-ce ma passion pour le tricot, mes tuques de toutes les couleurs revêtues lors des parties ou mes fameuses sorties téméraires hors des filets. Que j’en ai fait enrager des entraîneurs ! Pourtant, c’est une façon de faire qui est bien acceptée aujourd’hui. Il faut dire que je n’étais pas un gardien de but comme les autres. Plutôt solitaire, je n’en ai pas moins gagné le trophée Vézina remis au meilleur portier à cinq reprises et j’ai pu porter la célèbre Coupe Stanley au bout de mes bras le même nombre de fois.
À l’époque, les gardiens de but n’avaient aucune protection. Les lancers frappés fusaient et on écopait, c’était comme ça. Mais un soir de 1959, le visage en sang après avoir reçu une autre rondelle, j’ai refusé de retourner défendre les buts des Canadiens de Montréal. On a alors accepté, à contrecœur il faut le dire, que je porte mon désormais célèbre masque. On m’a traité de mauviette sur toutes les tribunes, mais je n’étais que précurseur. Vous en trouverez maintenant des gardiens sans masque!
Il paraît que, encore aujourd’hui, je suis le gardien des Canadiens qui a le plus grand nombre de victoires à son actif avec le chandail des Glorieux. On se fait une petite partie?