Traces du passé militaire

Étant donné sa position avancée vers l’iroquoisie, La Prairie est dotée d’une enceinte fortifiée dès 1689.

Les tuiles brunes qui marquent le tracé de la palissade permettent au visiteur de prendre connaissance du périmètre de l’ancien fort.

Conçue par le sieur de Villeneuve, ingénieur, et érigée par Gédéon de Catalogne, la palissade de bois de forme trapézoïdale suit le relief du terrain et enserre tous les bâtiments du bourg.

L'image ci-haut montre les vestiges des pieux de la palissade découverts en 1975. Ces pieux proviennent d’arbres abattus autour de 1696-1697 et leur alignement montre bien comment le tracé original de 1689 s’est élargi au cours des ans. Ceux-ci étaient faits de frêne noir, de cèdre ou de pin.

Le 11 août 1691, l’officier hollandais Peter Schuyler et ses troupes venues d’Albany font subir au fort de La Prairie la seule vraie attaque de son existence. Rendues superflues par le Traité de Paris en 1763, les fortifications sont laissées à l’abandon et le bois sert au chauffage ainsi qu’à la construction. En 1975, les archéologues découvrent les bases de plusieurs pieux. D’autres pieux seront mis à jour au cours des décennies suivantes.

Après leur invasion du Canada, les troupes rebelles américaines, dont le général Richard Montgomery, occupent La Prairie du 20 septembre 1775 au 17 juin 1776. L’arrivée de renforts britanniques et allemands forcent les Américains à se retirer. La brigade allemande  du baron Friedrich Adolphus Von Riedesel demeure ensuite à La Prairie jusqu’en 1777.

Suite à la guerre canado-américaine de 1812, les autorités coloniales britanniques prennent une partie de la commune de La Prairie (en arrière de l’actuelle école secondaire La Magdeleine) afin d’y installer des casernes militaires. On y retrouve un bâtiment de pierre à deux étages pour les officiers, sept baraques en bois pour les soldats, un poste de garde, deux cuisines, un hôpital, une boulangerie, des latrines, un magasin, une écurie et un atelier. Vers la fin des années 1850, ces installations sont moins utilisées et à partir de 1871 le site est occupé par des camps militaires d’été jusqu’en 1901.

En septembre 1880, un incendie détruit ce qui restait encore des anciennes casernes.

Le début des camps de volontaires coïncide avec le départ des troupes britanniques du Canada.

Le colonel Julien Brosseau (1837-1912) a exercé une énorme influence sur ses citoyens. De nombreuses personnes considéraient que c'était une véritable dictature morale.

L’an 1880 est une année faste pour Brosseau, une année où il cumule plusieurs fonctions: maire de la municipalité du village de La Prairie, maître de poste, marchand de bois, agent de nombreuses compagnies d’assurance, directeur et secrétaire de la Laprairie Navigation Co., capitaine du vapeur l’Aigle ainsi que directeur et secrétaire de la Laprairie Turnpike Road Co. (la Compagnie du Chemin macadamisé).

À titre de maire, Julien Brosseau est notamment responsable de la formation d’un comité de police et de la construction du premier aqueduc. La même année, il fonde et prend le commandement, avec le grade de lieutenant-colonel, du 85e Bataillon d’Infanterie qui compte alors 278 hommes réunis en 6 compagnies.

Déménagé à Montréal en 1888, mais s’entraînant toujours à La Prairie, le 85e devient un régiment en 1900 et prend vingt ans plus tard le nom de Régiment de Maisonneuve en l’honneur de Paul Chomedey Sieur de Maisonneuve.

Après s’être illustré lors des deux Guerres mondiales, le Régiment de Maisonneuve obtient le droit de cité des autorités de la ville de La Prairie le 9 septembre 2012, lui donnant ainsi la faveur de défiler «baïonnettes aux canons, drapeaux consacrés déployés et tambours battants».