Nous sommes à l’entrée sud de l’ancienne ville de compagnie d’Isle-Maligne.
En 1913, l’homme d’affaires américain James Buchanan Duke achète la concession des eaux et des terres de l’Isle-Maligne et fonde la Quebec Development Company, dans l’objectif de construire une centrale hydroélectrique sur la rivière Grande Décharge.
L’emplacement choisi possède toutes les configurations naturelles pour favoriser l’installation de la centrale. La rivière possède un excellent débit et le terrain est dénivelé, ce qui est nécessaire pour l’optimisation de la hauteur de la chute.
Un emplacement étroit sur la rivière permet de construire un barrage plus petit, donc moins coûteux. Il y a aussi la proximité avec le lac Saint-Jean qui est une source d’eau naturelle.
Par un arrêté ministériel, Duke obtient le droit de rehausser le niveau du lac et d’en faire un réservoir d’eau transformé par l’être humain et dont la gestion est la responsabilité de l'entreprise. Le chantier de construction de l’aménagement hydroélectrique Isle-Maligne commence ainsi en 1923, suite à l’association de Duke avec Sir William Price, un industriel canadien qui souhaite acheter une partie de l’électricité pour sa nouvelle usine de pâtes et papiers à Riverbend. Ils fondent la Duke-Price Power Company.
Parallèlement à la construction des infrastructures essentielles au chantier, on érige un noyau villageois pour les travailleurs et leurs familles sur la rive sud de la Grande Décharge, aujourd’hui le secteur De Quen.
On bâtit au même moment, sur la rive nord de la rivière, des résidences pour les cadres responsables de la construction de l’aménagement hydroélectrique.
On choisit le nom «Isle-Maligne», pour rappeler la dangerosité de la rivière. On dit d’Isle-Maligne qu’elle est une ville de compagnie car elle est développée par une entreprise pour loger les travailleurs du site industriel qu’elle exploite. En 1926, l’Aluminium Company of America (ALCOA) devient propriétaire de l’entreprise. C’est elle qui mène la planification de la ville, son implantation et son développement.
À Isle-Maligne, les occupants des résidences sont locataires puisque les bâtiments appartiennent à l’entreprise. Cela fait l’affaire des travailleurs qualifiés qui peuvent se déplacer facilement dans le cadre de leurs fonctions.
Pour l’entreprise, le fait d’être propriétaire permet de mettre en valeur l’apparence des habitations et l’ensemble de la ville. Elle offre à ses locataires différents services d’entretien des résidences et des terrains ainsi que ceux d’un horticulteur. Les déchets sont récupérés à l’arrière des maisons par des employés de l’usine. D’autres travailleurs s’occupent du ramonage des cheminées, de la tonte du gazon et du déneigement en hiver.
En 1962, Isle-Maligne se fusionne à Riverbend, Saint-Joseph d’Alma et Naudville pour devenir Ville d’Alma. La compagnie offre alors aux locataires la possibilité de devenir propriétaires de la résidence qu’ils occupent.